Agnus Dei (Agneau de Dieu) de Alejandra Sánchez (La Femme Endormie)

Publié le par 67-ciné.gi-2011

111005agnart.png
111005agnsit.jpg
11logfemend.jpg

Agnus Dei (Agneau de Dieu) documentaire de Alejandra Sánchez

durée : 1h21
sortie le 5 octobre 2011


11logfrafon

11logheufon

La pédophilie ne mérite pas le silence.
Ce documentaire illustre la complicité qui existe entre religieux et certaines familles, qui préfèrent fermer les yeux sur les agissements des prêtres afin que leurs enfants puissent être éduqués. Pauvreté et puissance des soutanes face à l'impuissance des enfants : le cocktail détonnant qui permet à ce fléau de perdurer dans un silence liturgique.
C'est l'histoire d'un homme, Jesús, qui décide de prendre en main son destin : il affronte le mur de silence de l'église, son agresseur, et en le dénonçant, reconstruit sa dignité d'homme et retrouve ainsi sa liberté.
Agnus Dei : Le Presunto Culpable de la pédophilie ecclésiastique
Agnus Dei suit le combat de Jesús, un ex-enfant de chœur, victime d’un prêtre pédophile.
Mention spéciale aux Rencontres d’Amérique latine de Toulouse, le documentaire vient d’être auréolé de la même appréciation au Festival International du Cinéma de Guadalajara.
Quand Jesús devient enfant de chœur, sa mère, fervente chrétienne, est aux anges, trop heureuse de le voir se rapprocher de Dieu, tout du moins de l’un de ses représentants sur terre, le prêtre Carlos López Valdés. L’ecclésiastique apprécie Jesús et ne s’en cache pas. Quand il l’invite dans son lieu de villégiature pour étudier, c’est avec le blanc-seing des parents que l’enfant s’y rend. Mme Romero Colín se sent honorée de l’attention particulière accordée à son fils, qui pense alors embrasser la vocation de prêtre.
Les premiers attouchements se déroulent dans le lit de Carlos López Valdés. Jesús, incrédule, croit avoir rêvé, mais il s’agit bien du début d’un cauchemar. J’ai rencontré Jésus, alors qu’il venait de rendre public son cas, lors d’une conférence donnée par une journaliste qui avait réalisé plusieurs travaux sur la pédophilie nous explique la réalisatrice, Alejandra Sánchez. Dans Agnus Dei, le jeune homme revient sur les lieux de son supplice, dans la villa de Cuernavaca notamment, au bord de la piscine où le prêtre demandait au petit Jesús de se baigner nu.
Dans sa volonté de se reconstruire, la victime va jusqu’à retrouver le prêtre, pas inquiété par la justice, malgré le témoignage et le dossier à charge présenté par le jeune homme en 2008. Jesús avait notamment remis un CD de photos pédophiles appartenant à Carlos López Valdés. A l’écran, elles entrecoupent l’entrée de Jesús dans l’Eglise où officiait le prêtre au moment du tournage. Dans ce documentaire, la dénonciation allait de soi, assure Alejandra Sánchez, mais ce que j’ai vraiment voulu creuser c’est ce contraste entre un discours religieux qui sublime la sexualité, comme si elle n’était pas inhérente à l’être humain, et les actes pédophiles de membres de l’Eglise.
Jesús a grandi dans le second Vatican
Pour mieux creuser ce dangereux paradoxe, des scènes tournées dans un séminaire alternent avec les témoignages de Jesús,  et de ses parents. Je voulais explorer ce que contenaient les classes de morale sexuelle données à des jeunes séminaristes de moins de 15 ans, explique la réalisatrice, voir comment était orientée la gestion de leur propre sexualité au moment où la nécessité sexuelle croît en eux. Avec ce second documentaire, après Bajo Juarez, la ville qui dévore ses filles, Alejandra Sánchez voudrait contribuer à rappeler la nécessité de l’ouverture d’un débat sur la sexualité et l’Eglise. Il faut arrêter avec ces histoires, s’agace t-elle, les prêtres ne sont pas les représentants de Dieu sur terre, ils n’ont pas moins de faiblesses que le reste de la population.
Jesús a grandi à Tlalpan, surnommé le second Vatican. Un quartier du DF truffé d’Eglises, de couvents, où la vie religieuse est très forte, selon les mots de la réalisatrice. Selon les informations de la famille, Carlos López Valdés y exercerait encore. Celui qui représentait une figure d’autorité pour l’enfant Jesús reste couvert par sa hiérarchie. Lors de la glaçante scène de retrouvailles entre la victime et son bourreau, le prêtre ne consent aucun aveu, se justifiant seulement à demi-mot en lâchant cette terrible expression : excès de tendresse. Je doutais que cette rencontre soit opportune, explique Alejandra Sánchez, mais cela s’est révélé un processus libératoire, qui complétait la thérapie qu’il suivait.
Agnus Dei s’intéresse au combat d’un homme décidé à lutter face à l’épais mur de l’impunité devant lequel tant de ses contemporains se résignent. Jésus étudie aujourd’hui la psychologie à l’université et participe aux séminaires d’un groupe de psycho-analystes. Dans un an, il sera diplômé. Avec son calme naturel et son expérience de la complexité humaine, je suis sûre qu’il fera un très bon psychologue conclut Alejandra Sánchez.


au cinéma

11logstafon 11codfestelstaà partir du mercredi 19 octobre 2011

***

présentation réalisée avec  l’aimable autorisation de
11logfemend
11codfemend.pngremerciements à Carole Solive

logos, photos & textes © www.lafemme-endormie.com

Publié dans À VENIR

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article